August 2010

Au nord du 49° parallèle
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Un professeur de physique de Toronto est fière
d’être un apprenti de la FIOE

Une entrevue réalisée au mois de mai à la chaîne de « Canadian Broadcasting Corporation » a fait connaître Cindy Krysac dans tout le pays. Ce professeur de physique de 52 ans en est à sa troisième année dans le programme d’apprentissage de la Section locale 353 de Toronto.

Le journal de la FIOE, l’[Electrical Worker], a voulu en savoir plus et nous avons demandé à la consoeur Krysac qui a déjà enseigné à l’Université de Toronto ainsi qu’aux états-Unis - au « Penn State University » et à l’ « University of the Pacific » à Stockton en Californie -, de nous parler de son changement de carrière et de sa vie suite à son adhésion au syndicat.

FIOE : Qu’est-ce qui vous a décidé à vous diriger vers le métier d’électricien?

KRYSAC : J’ai pris cette décision après plusieurs années de réflexion. J’ai dû refaire l’installation électrique dans ma vieille maison, arracher les tableaux, les tuyaux et les câbles d’aluminium. J’ai beaucoup aimé ce projet alors j’ai décidé de soumettre une demande pour suivre un programme d’apprentissage.

Après trois ans, je trouve que c’est un travail génial. Lorsque j’ai débuté, j’avais un préjugé contre les métiers et je croyais que cette option n’était pas aussi valorisante qu’une carrière académique. Maintenant je suis fière de travailler dans le domaine de l’électricité et reconnaissante de pouvoir résoudre des problèmes réels et pratiques du quotidien plutôt qu’être confinée à un bureau.

FIOE : Comment avez-vous été accueillie par la section locale au début lorsque vous avez présenté votre demande?

KRYSAC : Les instructeurs et les représentants de la S.L. 353 m’ont demandé pour quelles raisons j’avais opté pour ce travail et comment je croyais réussir. En fait, il y a deux volets sous-entendus dans cette question : mon âge et le fait que je sois une femme. Ce dernier volet est complexe et pertinent puisque très peu de femmes choisissent cette carrière. Je suis la seule femme dans ma classe.

Mais la véritable question qu’il faut se poser est la suivante: « Pourquoi est-il si inhabituel pour une femme d’exercer le métier d’électricien? »

Je m’attendais à une réception plus froide, mais mes confrères de travail, les employeurs et les instructeurs ont eu, pour la plupart, une attitude favorable et accueillante à mon égard. Certains d’entre eux ont semblé mettre en doute mes capacités, mais dans la vie il faut s’attendre à passer par une période initiale d’évaluation avant de pouvoir faire ses preuves et rassurer les sceptiques.

Lors de ma première évaluation, cinq types se sont attroupés autour de moi. Ils ne m’ont pas vraiment dérangée; je savais ce que je faisais et j’étais confiante. Toutefois, je crains qu’une telle surveillance excessive puisse dissuader d’autres femmes à poursuivre dans le métier.

J’avais moi-même des préjugés sur les travailleurs de la construction lorsque j’ai débuté. Depuis, j’ai rencontré des gens intelligents, amicaux, créatifs et honnêtes et qui se protègent entre eux…moi, y compris. Je suis persuadée que les amitiés que j’ai bâties dureront toute la vie.

FIOE : Comment les personnes de votre entourage {amis, famille, collègues de travail} ont-elles réagi lorsque vous leur avez dit que vous vous dirigiez vers le métier d’électricien?

KRYSAC : J’ai toujours eu un esprit indépendant. Ceux qui me connaissent bien ne sont pas surpris de mes choix de vie assez inhabituels. J’ai consacré plusieurs années aux études afin d’obtenir un doctorat puis j’ai travaillé dix ans comme chercheur titulaire d’un doctorat et assistant professeur. Pour certains de mes collègues, c’était comme si j’avais décidé de tout laisser tomber pour me diriger vers le métier d’électricien.

Pour les autres, comme moi, qui sont plus heureux lorsqu’ils travaillent de leurs mains sur des projets compliqués et délicats, il a été plus facile de comprendre ma décision. Ces amis ont admis être un peu jaloux de ma nouvelle vie alors que je pourrai bricoler avec des câbles et utiliser tout un assortiment de super nouveaux outils.

Les membres de ma famille m’appuient à 100 pour cent, ils me connaissent bien et savent que j’ai la détermination et l’endurance nécessaire pour réaliser les objectifs que je me suis fixés, aussi intimidants soient-ils.

FIOE : Parlez-nous un peu de votre éducation?

KRYSAC : Canadienne, je suis née à Toronto de parents immigrants russes. On s’attendait à ce que j’apprenne la musique, les arts, la cuisine pour prendre soin de mes parents et de notre famille nombreuse, comme une petite princesse russe. Mais j’ai aussi été encouragée à me diriger vers une carrière d’architecte ou d’ingénieur. J’ai déjà reçu un ensemble d’outils à Noël et je m’en suis servie pour démonter puis rassembler ma bicyclette.

Vers l’âge de 10 ans, j’ai construit un fort dans la cour arrière. Il était tellement imposant que les voisins ont demandé si nous avions un permis de construction. Je ne pense pas qu’il était conforme au code du bâtiment, alors j’ai dû le démolir. Je crois qu’il est plus facile d’acquérir des aptitudes mécaniques lorsqu’on est enfant.

FIOE : Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou a piqué votre curiosité depuis votre entrée dans le métier?

KRYSAC : Je suis bien contente qu’il y ait autant de choses techniques et théoriques à étudier et que je sois encore obligée de le faire. Bien que les gars puissent parfois être grossiers et parler franchement, c’est très amusant de travailler avec une bande d’hommes athlétiques et intelligents.

FIOE : Comment vous êtes-vous maintenue en forme pour réussir dans un milieu où les défis physiques se succèdent?

KRYSAC : J’ai commencé à m’entraîner au tout début de l’âge adulte, alors j’ai l’endurance et la force physique d’une personne plus jeune. Chaque semaine, je nage de trois à quatre kilomètres et je parcours environ 50 kilomètres en vélo. Je fais du yoga quotidiennement et je cours souvent. Durant ma première année d’apprentissage, je me suis entraînée et j’ai couru un marathon un mois plus tard; j’ai aussi marché un autre marathon. J’ai été agréablement surprise de constater combien l’apprentissage en électricité est exigeant, surtout le travail sur la dalle!

FIOE : Est-ce difficile de travailler avec des apprentis et des compagnons qui ont l’âge de vos anciens étudiants?

KRYSAC : J’aime bien leur mettre un peu de pression en les mettant au défi de faire mieux et plus vite qu’une femme d’âge mûr, probablement plus âgée que leur mère. Si je parviens à faire un meilleur travail qu’eux, il faudrait peut-être repenser leur façon de faire.

FIOE : Lors de l’entrevue à la chaîne CBC, vous avez mentionné que tout le monde devrait suivre un cours de physique à l’école. Pourquoi?

KRYSAC : La physique est l’étude des phénomènes naturels et non la façon dont nous les imaginons. Elle nous enseigne à aborder les problèmes avec logique d’abord avant de nous envoler dans des fantaisies utopiques. Cette discipline peut s’appliquer à tous les aspects de notre vie. Même la psychologie de l’humain se définit maintenant comme le fonctionnement du réseau de neurones qu’est notre cerveau.

FIOE : Quels sont vos centres d’intérêt, vos loisirs?

KRYSAC : Je passe du temps avec mes enfants. J’ai une ancienne maison à Toronto que je dois retaper. Elle date de 1918 et j’y effectue des rénovations et entretiens le jardin. Je consacre beaucoup de temps à l’entraînement et au yoga. Malgré tout, je trouve quand même le temps de jouer du piano et d’écrire.

Cindy Krysac travaille présentement sur le projet d’un immeuble de 12 étages situé au centre ville de Toronto, un des nombreux projets pour les 8,000 membres de la S.L. 353. Cette section locale qui détient 90 pour cent des parts de marché des immeubles résidentiels dans sa juridiction, mène actuellement un sondage auprès des membres afin de trouver de nouvelles opportunités pour augmenter ses effectifs et accroître son influence politique.




Krysac: ‘My friends are jealous of my new life mucking about with wires using cool new tools.’