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June 2014

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L'Ordre des métiers de l'Ontario dans la mire des Conservateurs

L'Ordre des métiers de l'Ontario, un des plus importants organismes de réglementation des métiers spécialisés, pourrait être éliminé si le parti progressiste-conservateur de Tim Hudak forme le prochain gouvernement.

Lors d'un discours prononcé plus tôt cette année, Hudak a promis d'abolir l'Ordre des métiers de l'Ontario déclarant que ce n'était qu'un obstacle bureaucratique à l'accès aux emplois dans le secteur de la construction pour les jeunes.

« L'Ordre des métiers n'est qu'une nouvelle forme de bureaucratie pour l'Ontario qui impose aux gens de métier et aux employeurs une cotisation de quelques centaines de dollars par année, pour être membre; cette cotisation n'est qu'une autre forme de taxes pour ce secteur qui constitue la base des économies régionales » peut-on lire dans le site web des Conservateurs.

L'Ordre est un organisme d'autoréglementation professionnel indépendant qui maintient des normes professionnelles pour des douzaines de métiers spécialisés, incluant les électriciens et les tuyauteurs et il a été établi l'année dernière par Mme Kathleen Wynn, première ministre et chef du Parti libéral de l'Ontario, avec l'appui des néo-démocrates.

« Cela ne diffère pas de l'Ordre des médecins ou de l'Association du Barreau » dit John Grimshaw, Secrétaire-trésorier exécutif du Conseil de la construction de la FIOE en Ontario, qui représente 15,000 membres dans toute la province.

Depuis les années 60, l'Ontario exige un permis officiel pour la plupart des métiers, mais ces règles n'ont pas toujours été respectées par des entrepreneurs mesquins et des employeurs qui embauchaient sciemment des travailleurs non qualifiés pour des projets de construction.

« Ils ont enfreint ouvertement les dispositions de la loi et le gouvernement n'a rien fait pour les empêcher » poursuit le confrère Grimshaw.

Plusieurs syndicats, incluant la FIOE, des employeurs et des fonctionnaires ont fait pression en faveur de l'Ordre, pour s'assurer que toute la main-d'œuvre utilisée sur les projets de construction en Ontario soit composée de travailleurs qualifiés et spécialisés.

« Les clients doivent être convaincus que les personnes qu'ils embauchent sont conformes aux normes provinciales sur le plan de la formation. C'est une question de qualité et de sécurité » ajoute-t-il.

L'Ordre des métiers a le pouvoir de déclarer qu'un certificat est obligatoire pour un métier. Si un individu désire travailler dans un métier où un certificat est obligatoire, il doit fournir un certificat de compétence et payer une cotisation annuelle de 120 $. Plus de 20 métiers sont considérés à certificat obligatoire.

La nouvelle position des Conservateurs est le résultat des fortes pressions exercées par l'Ontario Electrical League, une association pour les entrepreneurs non syndiqués, et du brusque virage à droite du parti en ce qui concerne les syndicats. « Plusieurs entrepreneurs de cette association sont parmi ceux qui abusent le plus du système » dit le confrère Grimshaw.

L'an dernier, suite à une fuite dans les documents internes, il a été révélé que M. Hudak avait l'intention d'abolir la formule Rand et de faire adopter une version canadienne de la législation du « droit au travail », une de ses principales priorités législatives.

La réaction négative de la population et l'agitation au sein de son caucus l'ont obligé à laisser tomber sa politique du « droit au travail » mais selon les critiques, les attaques de Hudak contre l'Ordre des métiers ne sont que les plus récentes salves des Conservateurs contre les syndicats.

Le confrère Karl Lovett, gérant d'affaires de la section locale 773 de Windsor, affirme que l'Ordre des métiers est un organisme essentiel pour conserver des normes élevées pour les métiers dans sa juridiction.

« Nos membres préfèrent payer cette cotisation de 120 $ car ils savent que le gouvernement s'assure de définir de façon adéquate le champ d'exercice des métiers » dit-il.

Il ajoute avoir vu beaucoup trop d'entrepreneurs mesquins avoir recours à des employés non spécialisés en électricité pour effectuer des travaux électriques.

« Si l'Ordre disparaît, la situation va être désastreuse pour les syndiqués des métiers de la construction. Cela va créer un nivellement par le bas » ajoute-t-il.

Vu la pénurie grandissante de cols bleus compétents au Canada, plusieurs décideurs politiques tentent de mettre en place de nouvelles approches en matière de formation et de recrutement.

Comme le précise le confrère Grimshaw, la méthode Hudak est la mauvaise quand il s'agit de recrutement dans le secteur de la construction.

« Il croit que laisser de côté toutes les règles et plonger un aussi grand nombre de travailleurs dans l'industrie, sans tenir compte de leurs qualifications ou de leur formation, est la voie à suivre. Inonder le marché de travailleurs non qualifiés alimente l'économie souterraine et augmente les risques d'accidents. » conclut-il.